Avant-Première VO: Review Batman #11

Avant-Première VO: Review Batman #11

19 novembre 2016 Non Par Xavier Fournier

Pour sauver Gotham Girl, Batman a besoin du Psycho-Pirate, détenu dans le royaume de Bane. Du coup l’homme-chauve-souris a assemblé une sorte de version personnelle du Suicide Squad, où une partie du line-up est sans attache et donc tacitement « périssable ». Tom King cultive le mystère et les rebondissements, tout en faisant un clin d’œil au Squad de l’époque Ostrander.

Avant-Première VO: Review Batman #11Batman #11 [DC Comics]
Scénario de Tom King
Dessins de Mikel Janin
Parution aux USA le mercredi 16 novembre 2016

Dans « I am Suicide », Batman utilise sa propre recette des « 12 salopards ». Obligé de s’en prendre à la petite nation dirigée par Bane, Santa Prisca, au mépris des lois internationales, le héros de Gotham a préféré ne pas impliquer la Justice League ou sa « bat-famille ». Sans doute aussi que la dangerosité de l’affaire lui a fait préférer de mettre en danger des crapules que des proches (encore que si on va au fond des choses, rien n’empêcherait un Superman et une Wonder Woman de prendre des identités de rechanges et de saccager l’endroit sans le moindre danger). Ce qui nous amène à une situation moins claire qu’il y parait. Si Batman veut faire appel à des criminels, on comprend que le nom de Catwoman apparaisse. Mais inversement s’il ne veut pas mettre en danger des proches, sachant l’alchimie qui existe entre lui et Selina Kyle, c’est un peu contradictoire. Tom King, surtout, souligne de bout en bout que Catwoman n’est pas cette gentille voleuse, « malhonnête malgré elle », qu’on imagine souvent. Il insiste sur son CV de tueuse, au point où l’on se demande comment c’est conciliable avec ce que Batman/Bruce Wayne peut ressentir pour elle. Toute l’idée étant d’en refaire un personnage ingérable et donc imprévisible. Mais s’il n’y a pas un twist à venir dans les chapitres restants de l’arc, le public des récentes séries Catwoman risque de ne pas y trouver son compte, loin s’en faut… En ce qui la concerne, donc, l’important sera la chute…

« You killed 237 people, Cat. »

Le mois dernier, l’arrivée de Batman à Santa-Prisca m’avait laissé un peu froid, dans le sens où cette mission a un objectif personnel et où le héros, pourtant, semblait plus détaché, plus absent, qu’il le faudrait. Sa relation ambigüe avec Catwoman donne ici le nerf du récit tandis que Bronze Tiger, Punch et Jewelee sont, scénaristiquement, des figurants qui apportent de la gouaille (paradoxalement le Ventriloquist ne sert pas à grand-chose). Les fans du Suicide Squad des années 80 seront heureux de retrouver ces membres « oubliés » de l’incarnation actuelle du groupe. Un Suicide Squad sans Bronze Tiger, c’est comme des X-Men sans Wolverine. Plus intéressante encore est la réinvention de Punch et Jewelee. Les lecteurs de Comic Box #101, paru cet été, se souviendront que ceux-là étaient un peu le couple Joker/Harley bien avant que Paul Dini invente cette dernière. Du coup Tom King en profite pour faire ce que les comics ne peuvent guère se permettre avec le Joker et son ancienne dulcinée : Punch et Jewelee sont repensés en Clyde & Bonnie version tatouée. Scénaristiquement, donc, ils deviennent très proches du Joker et de la Harley du film Suicide Squad, ce qui est une sorte de juste retour des choses puisque, en un sens, c’est eux qui ont ouvert la voie. Par contre si on comprend l’intention du scénario, le dessin est un peu moins inspiré que ce à quoi Mikel Janin nous a habitué ces dernières années. D’abord il y a le nouveau look de Punch et Jewelee qui est bizarrement géré et n’en impose pas vraiment (toute la question étant de toute manière de savoir si l’histoire n’utilise pas ces deux-là pour mieux les sacrifier, comme le laisse entendre la fin de l’épisode). Et puis la narration de Janin est handicapée par une mise en couleurs un peu massive. Il n’y a qu’à voir la scène d’ouverture avec Catwoman et comment ce ciel jaune grille complétement les mirettes, écrasant ce que l’artiste tente de raconter avec ses dessins. Si on visualise ce passage (et plusieurs autres) en noir et blanc, on comprend qu’avec un(e) autre coloriste que June Chung on retirerait vraiment une expérience de lecture autrement plus immersive.

[Xavier Fournier]