New York Comics

New York Comics

24 décembre 2016 Non Par Xavier Fournier

Finissant notre tour des livres consacrés aux comics sortis ces derniers mois, voici New York Comics de Christopher Irving, Seth Kushner et Howard Wallach, sorti en France dans la collection Over The Pop, chez Glénat. Ou un tour d’horizon d’une ville célébrée depuis des décennies par les comic-books.

New York occupe une place prépondérante dans la culture populaire. C’est là qu’en général les extra-terrestres souhaitant conquérir/détruire la Terre dans les blockbusters cinématographiques prennent soin de garer leur soucoupe volante. C’est là aussi que la plupart des détectives et autres limiers des « sections criminelles » mènent l’enquête. Au point peut-être de banaliser une ville qu’à force, on oublie de regarder, tellement on croit connaître ce décor. Dans les comics, New York n’est pas qu’un environnement. C’est aussi un berceau. C’est là que des gens comme Will Eisner, Jack Kirby et la plupart des pères fondateurs des comics ont puisé leur vision du quotidien, ont réellement appris la vie. New York, c’est à la fois les bas-fonds et l’Olympe des super-héros, quand bien même parfois certains auteurs ou éditeurs ont choisi de la masquer sous un autre nom. La Central City du Spirit, la Metropolis de Superman ou la Gotham de Batman ont en elle une part non-négligeable de New York. Ce qui donne un rapport intense à la ville. Quand Spider-Man promet qu’il ne laissera plus personne mourir, il le fait face à aux toits de la ville, en les prenant comme témoins. New York a toute une mystique à laquelle le lecteur de comics s’est habitué, qu’il prend pour argent comptant… New York Comics est l’ouvrage d’amoureux de la ville : Christopher Irving est un connaisseur des comics, Seth Kushner est un photographe émérite (hélas disparu pendant la conception du livre, finalisé avec l’aide de Howard Wallach). Ils nous proposent une ballade dans ses rues, à la recherche des rues ou pourraient se trouver le manoir du Docteur Strange, l’appartement modeste de la vieille May Parker ou même, peut-être le terrible Club des Damnés.

La part du vrai, la part du rêve

Les bonnes adresses de New York ne se bornent pas, cependant, à chercher des adresses plus ou moins fictives de personnages de comics. Au contraire, Irving, Kushner et Wallach vont aussi à la rencontre de ceux qui créent des histoires, qui se projettent vers New York ou pour qui, bien souvent, c’est également un habitat naturel. Les auteurs du livre nous emmènent ainsi sur le porche du mythique Studio, qui regroupait la jeune garde des dessinateurs de comics dans les années 70. On marque ainsi une trentaine d’arrêts dans New York, entre lieux où l’histoire de la BD américaine s’est écrite et quelques fantômes glorieux, issus de fictions.

C’est à la fois une visite touristique et une « vie héroïque » de New York, émaillée des réactions et commentaires d’artistes de comics comme Paul Pope ou Howard Chaykin. A cette approche déjà bicéphale, l’éditeur français a eu la bonne idée de rajouter encore un troisième pan puisque l’ouvrage, par la force des choses, va être lu par un public qui n’est pas américain mais qui, pourtant, parcourt New York de manière courante quand il se met à feuilleter un comic-book. C’est à dire qu’en plus d’aller à la découverte des lieux du réel et des créateurs américains, l’édition française aligne aussi un grand nombre de témoignage d’auteurs et d’acteurs du milieu, parmi lesquels on croise aussi Stéphanie Hans, Fabrice Sapolsky, Elsa Charretier que le regretté Hubert Mounier, tous réunis autour d’une ville à la fois réelle et mythique. Pour le lectorat des BD américaines, New York Comics restitue toute la magie de ces rues, que vous reconnaîtrez peut-être pour les avoir vus dans les aventures de Daredevil ou de Batman en vous disant (à torr) qu’elles n’avaient pas de base réelle. Une belle ballade…

[Xavier Fournier]

New York Comics, par Christopher Irving, Seth Kushner et Howard Wallach, Glénat/Over The Pop, 35 euros